Deux fois que je visite Kamo, ce petit restaurant qui fait, depuis septembre dernier, le bonheur des amateurs de cuisine japonaise à Bruxelles.
Et je n'en reviens toujours pas.
D'accord, sa cuisine n'est pas parfaite, c'est même cela qui la rend assez charmante.
Reprenons tout depuis le début.
L'endroit, investi par une équipe adorable, serviable et efficace, est minuscule. J'y ai compté trois tables de quatre et deux tables de deux, plus huit places au bar, spacieux et agréable. A vrai dire, je n'ai jamais mangé qu'au bar, et pour cause: on y a une vue royale sur les deux cuisiniers qui, impeccables dans leurs gestes du haut de leurs cheveux laqués, s'affairent dans la cuisine ouverte.
J'ai téléphoné pour réserver un mardi pour samedi, il n'y avait plus de table pour quatre personnes, mais encore des places au bar. Je demande alors, pratique, les places sur le coin du bar, de façon à être disposés en vis-à-vis deux par deux. On me répond avec désolation que malheureusement, ces places ont déjà été réservées aussi.
Première leçon: réservez tôt, chez Kamo.
A peine passés la porte, nous avons droit aux salutations de rigueur. L'équipe se compose de deux ou trois serveurs, d'une gentillesse absolue et toujours disposés à vous fournir des explications sur ce que vous dégustez, et de deux cuisiniers - dont l'un professe à l'égard du "boulettage de riz" (avant de le transformer en maki) une concentration qui me rend admirative. Tout y est d'une délicatesse absolue, de la vaisselle (en pièces uniques) à l'assortiment des amuse-gueules, toujours différentes.
La carte est assez courte. Elle se compose d'entrées, d'un choix de sushis (makis et nigiris confondus) et de sashimis, de plats chauds (poissons et viandes), d'un choix de riz et de nouilles, et de dessert. La maison dispose également d'une carte de vin élaborée avec un spécialiste d'alliances cuisine japonaise-vins, et sert des bières biologiques, dont une bière japonaise brassée en Belgique - une brune à 5°C, au goût délicat.
Les suggestions de menus proposent des assortiments de type 2 entrées + 1 plat + 1 riz, et c'est ce qui semble emporter l'adhésion des nombreux Japonais qui, venus en famille ou entre amis, ont occupé la majorité des places les deux fois où j'y étais aussi. Les plats changent selon les saisons, l'humeur des chefs, le marché (?).
Nous avons commencé par des fleurs de courgette fourrées aux crevettes et délicatement passées à la tempura. Le plat est tout en douceur, nous laisse un agréable goût de croustillant sur la langue - même si le goût de la fleur est, selon moi, un peu trop atténué par celui du fourrage. Le canard, tranché rose comme il le faut et servi dans un lit de sauce légèrement sucrée, est parfait. Nous avons également goûté la tempura de sardines et les nouilles d'aubergines: si le second était bon sans rien d'exceptionnel, nous avons bien apprécié le goût très (presque trop) fort de mer du premier. La texture était moëlleuse, ce qui avec le croquant de la tempura faisait un accord parfait.
Les sushis (6 pièces de nigiris et quelques makis pour le petit assortiment) sont assez réussis. J'ai eu droit au thon gras que l'on ne donne que rarement dans les restaurants, à cause de son prix. Le poisson était frais à souhait, avec un petit bémol pour le thon rouge et le calamar: le premier avait un goût assez atténué par rapport à ce qu'il promettait de fraîcheur, et le second a été tranché un rien trop épais - j'ai dû renoncer à en mâchouiller un bout. L'opération sushis valait cependant largement la peine d'être vécue: le spectacle du chef roulant, secouant et mettant tout en musique devant vos yeux (rien n'est roulé à l'avance) y contribue aussi.
Viennent ensuite les plats chauds. D. a essayé la première fois une friture de cabillaud dans une sauce douce aux prunes - qui était bonne sans être d'une ronde originalité. Nous avons aussi eu droit au steak japonais - servi avec des germes par-dessus, dans un saignant qui a parfaitement tenu à la cuisson. Les poissons en général sont appréciés: le buri gras au teryiaki a tenu ses promesses, et le bar à la vapeur et aux légumes, bien pris dans sa sauce, respecte les poncifs du genre. Quant au porc pané, servi en rondelles épaisses disposées les unes sur les autres et accompagné d'une sauce à la prune salée, il semble remporter le plébiscite des autres dîneurs.
Les riz et nouilles viennent ensuite. Le Donabé, mijoté dans sa marmite de terre cuite avec son achalandage d'anguilles, était tentant et a tenu ses promesses. Un goût de légèrement fumé s'en dégage et fait nos délices. Le riz et tartare de dorade crue (bien croquant) a une sauce fort appétissante, même si je n'ai jamais compris ce que j'étais censée faire avec la petite théière d'eau bouillante servie avec ("Mélangez avec", me dit la serveuse...). Un bémol cependant: l'assaisonnement de la dorade, un rien trop salé (c'est peut-être là que l'eau bouillante aurait dû entrer en jeu?). La prochaine fois, je me promets d'essayer le riz aux poissons crus marinés, que j'ai vu préparer maintes fois et qui a l'air de me faire signe, déjà.
Les desserts font honneur à la maison: un mélange de simplicité et de précision dans le goût, encore une fois. Les deux glaces (vanille sauce matcha, 3 € et au thé vert matcha, 4 €), servies en très petites portions, font les bonheurs du palais après les dégustations qui ont précédé. Nous avons personnellement gardé une préférence pour notre crème brûlée au matcha, qui se mange sans mots, mais la mousse au sésame noir et sauce matcha vaut également la peine d'être essayée - même si des palais non asiatiques pourrait la trouver un peu trop exotique.
Chez Kamo, les cuisiniers ont repris les modes classiques de cuisson de la cuisine japonaise (frit, vapeur, etc.), et les ont déclinés en des plats qui ne sont pas tant originaux dans leur conception que dans leur association (et la présentation). C'est ainsi que l'on obtient des plats de facture classique, mais qui contiennent de belles surprises maîtrisées. Ai-je oublié de mentionner que le jeune chef, Tomoyasu Kamo, est un ancien du Tagawa, revenu ouvrir son enseigne après un détour au pays?
Qu'ajouter de plus à cette expérience? Nous ne nous lasserons pas de sitôt de retourner chez Kamo. Et quand on sait qu'ils ont un menu de midi dans les 11 € et que le grand menu 2 entrées, 1 plat, 1 riz ou nouilles est à 39 €... L'expérience en vaut largement la peine. Et on a le sourire de la maison en prime, toujours.
Le style: Et je n'en reviens toujours pas.
D'accord, sa cuisine n'est pas parfaite, c'est même cela qui la rend assez charmante.
Reprenons tout depuis le début.
L'endroit, investi par une équipe adorable, serviable et efficace, est minuscule. J'y ai compté trois tables de quatre et deux tables de deux, plus huit places au bar, spacieux et agréable. A vrai dire, je n'ai jamais mangé qu'au bar, et pour cause: on y a une vue royale sur les deux cuisiniers qui, impeccables dans leurs gestes du haut de leurs cheveux laqués, s'affairent dans la cuisine ouverte.
J'ai téléphoné pour réserver un mardi pour samedi, il n'y avait plus de table pour quatre personnes, mais encore des places au bar. Je demande alors, pratique, les places sur le coin du bar, de façon à être disposés en vis-à-vis deux par deux. On me répond avec désolation que malheureusement, ces places ont déjà été réservées aussi.
Première leçon: réservez tôt, chez Kamo.
A peine passés la porte, nous avons droit aux salutations de rigueur. L'équipe se compose de deux ou trois serveurs, d'une gentillesse absolue et toujours disposés à vous fournir des explications sur ce que vous dégustez, et de deux cuisiniers - dont l'un professe à l'égard du "boulettage de riz" (avant de le transformer en maki) une concentration qui me rend admirative. Tout y est d'une délicatesse absolue, de la vaisselle (en pièces uniques) à l'assortiment des amuse-gueules, toujours différentes.
La carte est assez courte. Elle se compose d'entrées, d'un choix de sushis (makis et nigiris confondus) et de sashimis, de plats chauds (poissons et viandes), d'un choix de riz et de nouilles, et de dessert. La maison dispose également d'une carte de vin élaborée avec un spécialiste d'alliances cuisine japonaise-vins, et sert des bières biologiques, dont une bière japonaise brassée en Belgique - une brune à 5°C, au goût délicat.
Les suggestions de menus proposent des assortiments de type 2 entrées + 1 plat + 1 riz, et c'est ce qui semble emporter l'adhésion des nombreux Japonais qui, venus en famille ou entre amis, ont occupé la majorité des places les deux fois où j'y étais aussi. Les plats changent selon les saisons, l'humeur des chefs, le marché (?).
Nous avons commencé par des fleurs de courgette fourrées aux crevettes et délicatement passées à la tempura. Le plat est tout en douceur, nous laisse un agréable goût de croustillant sur la langue - même si le goût de la fleur est, selon moi, un peu trop atténué par celui du fourrage. Le canard, tranché rose comme il le faut et servi dans un lit de sauce légèrement sucrée, est parfait. Nous avons également goûté la tempura de sardines et les nouilles d'aubergines: si le second était bon sans rien d'exceptionnel, nous avons bien apprécié le goût très (presque trop) fort de mer du premier. La texture était moëlleuse, ce qui avec le croquant de la tempura faisait un accord parfait.
Les sushis (6 pièces de nigiris et quelques makis pour le petit assortiment) sont assez réussis. J'ai eu droit au thon gras que l'on ne donne que rarement dans les restaurants, à cause de son prix. Le poisson était frais à souhait, avec un petit bémol pour le thon rouge et le calamar: le premier avait un goût assez atténué par rapport à ce qu'il promettait de fraîcheur, et le second a été tranché un rien trop épais - j'ai dû renoncer à en mâchouiller un bout. L'opération sushis valait cependant largement la peine d'être vécue: le spectacle du chef roulant, secouant et mettant tout en musique devant vos yeux (rien n'est roulé à l'avance) y contribue aussi.
Viennent ensuite les plats chauds. D. a essayé la première fois une friture de cabillaud dans une sauce douce aux prunes - qui était bonne sans être d'une ronde originalité. Nous avons aussi eu droit au steak japonais - servi avec des germes par-dessus, dans un saignant qui a parfaitement tenu à la cuisson. Les poissons en général sont appréciés: le buri gras au teryiaki a tenu ses promesses, et le bar à la vapeur et aux légumes, bien pris dans sa sauce, respecte les poncifs du genre. Quant au porc pané, servi en rondelles épaisses disposées les unes sur les autres et accompagné d'une sauce à la prune salée, il semble remporter le plébiscite des autres dîneurs.
Les riz et nouilles viennent ensuite. Le Donabé, mijoté dans sa marmite de terre cuite avec son achalandage d'anguilles, était tentant et a tenu ses promesses. Un goût de légèrement fumé s'en dégage et fait nos délices. Le riz et tartare de dorade crue (bien croquant) a une sauce fort appétissante, même si je n'ai jamais compris ce que j'étais censée faire avec la petite théière d'eau bouillante servie avec ("Mélangez avec", me dit la serveuse...). Un bémol cependant: l'assaisonnement de la dorade, un rien trop salé (c'est peut-être là que l'eau bouillante aurait dû entrer en jeu?). La prochaine fois, je me promets d'essayer le riz aux poissons crus marinés, que j'ai vu préparer maintes fois et qui a l'air de me faire signe, déjà.
Les desserts font honneur à la maison: un mélange de simplicité et de précision dans le goût, encore une fois. Les deux glaces (vanille sauce matcha, 3 € et au thé vert matcha, 4 €), servies en très petites portions, font les bonheurs du palais après les dégustations qui ont précédé. Nous avons personnellement gardé une préférence pour notre crème brûlée au matcha, qui se mange sans mots, mais la mousse au sésame noir et sauce matcha vaut également la peine d'être essayée - même si des palais non asiatiques pourrait la trouver un peu trop exotique.
Chez Kamo, les cuisiniers ont repris les modes classiques de cuisson de la cuisine japonaise (frit, vapeur, etc.), et les ont déclinés en des plats qui ne sont pas tant originaux dans leur conception que dans leur association (et la présentation). C'est ainsi que l'on obtient des plats de facture classique, mais qui contiennent de belles surprises maîtrisées. Ai-je oublié de mentionner que le jeune chef, Tomoyasu Kamo, est un ancien du Tagawa, revenu ouvrir son enseigne après un détour au pays?
Qu'ajouter de plus à cette expérience? Nous ne nous lasserons pas de sitôt de retourner chez Kamo. Et quand on sait qu'ils ont un menu de midi dans les 11 € et que le grand menu 2 entrées, 1 plat, 1 riz ou nouilles est à 39 €... L'expérience en vaut largement la peine. Et on a le sourire de la maison en prime, toujours.
Petit restaurant "néo-bistro" japonais, décoration sobre et proprette, esprit de même avec des petits clins d'oeils en coin (robinet marqué "pluie" dans les toilettes, petits canards comme mascottes). Cuisine japonaise de type "on revisite les classiques". Grand bar, avec cuisine ouverte. Accueil sympathique et professionnel.
Les prix:
Entrées: entre 6 et 9€
Sushis: petit assortiment à 22 €, grand assortiment (pour 2 pers.) à 38 €
Plats chauds: entre 16 et 22 €
Riz: entre 11 et 15 €
Desserts: entre 3 et 6 €
Plusieurs menus proposés. Menus de midis.
Mon opinion:
Cuisine: 9/10
Déco et ambiance: 8/10
Accueil et service: 10/10
Les coordonnées:
Kamo
Avenue des Saisons, 123
1050 Bruxelles (tout près du cimetière d'Ixelles)
Tel. 02/648.78.48
Ouvert midi et soir (jusqu'à 22h) du lundi au vendredi, et le samedi soir.
On en parle aussi ici et là.
1 commentaire:
oh!
nous avions prévu un petit voyage à bruxelles en septembre, voilà une adresse à retenir...
j'adore comme tu en parles, avec précision, noter chaque petites choses, détails observés, un peu comme si nous aussi, on mangeait au coin du bar en regardant les chefs s'affairer...
merci alors, pour l'adresse et ce récit gourmand...
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