dimanche 16 mars 2008

De la réminiscence des souvenirs: la madeleine aux parfums de fleur et de fruit d'oranger

Madeleine aux parfums de fleur et fruit d'oranger

Il en est de certains mets comme de territoires légendaires en littérature - surtout s'ils ont contribué à bâtir un succès en littérature! On se souvient des bouchées amandines de Cyrano, des croquettes au riz de la Comtesse de Ségur (enfin, vous, peut-être pas mais moi oui), de la galette et du pot de crème (ou de beurre?) du petit Chaperon rouge, et bien sûr de la fameuse madeleine de Proust, qui à elle seule eut le pouvoir d'évocation nécessaire à l'écriture de ces quelques mille pages que constitue La recherche du temps perdu...

Lors de ma première année à l'université, je me souviens que mes camarades romanistes et moi-mêmes avions l'art subtil de nous précipiter, pendant la pause, sur les paquets de madeleines industrielles que nous servait le distributeur à sucreries des Facultés. Pour avoir sans doute, l'esprit encore naïvement pédant, l'impression de manger un morceau de littérature.

J'ai acheté hier mon premier moule à madeleines - en silicone, car il faut bien faire avec le progrès, n'est-ce pas. Raison en soi nécessaire et suffisante pour se lancer dans la confection de cette gourmandise dont, je l'avoue, je n'ai jamais été fan petite. Le jeune Marcel méritant cependant que l'on lui rende hommage, je me suis mise à la recherche d'une recette, la plus "traditionnelle" possible. Finalement, j'ai opté pour celle déclinée par Béa, dont j'aime l'alliance parfumée de l'orange et la douceur du miel. C'est cependant chez mon boucher (oui, oui, mon boucher, véritable gardien alibabaesque de trésors de l'au-delà méditerranéen) que j'ai trouvé l'idée pour compléter idéalement les saveurs de la madeleine: un flacon d'eau de fleur d'oranger. J'ai également légèrement caramélisé le zeste d'orange, histoire d'avoir un peu de collant/croquant dans le moëlleux du gâteau.


Madeleines aux parfums de fleur et de fruit d'oranger

Ingrédients (pour plus ou moins 25 madeleines):

- 150 gr de farine tamisée
- 115 gr de beurre salé, fondu et refroidi
- 125 gr de sucre
- 3 oeufs
- 1 c. à s. de levure sèche (chimique)
- 1 c. à s. d'eau de fleur d'oranger*
- le zeste d'une orange à jus
- 1 1/2 c. à s. de miel aux fleurs (de préférence, pas de miel fleur d'oranger)

1. Faire fondre le beurre à feu très doux dans une petite casserole. Une fois qu'il est fondu, laisser refroidir et réserver.

2. Zester l'orange. Dans une autre petite casserole, mettre 1 c. à s. de miel à chauffer et y ajouter le zeste. Faire caraméliser pendant quelques minutes (le liquide ne doit pas brunir). Réserver.

3. Casser les oeufs et les battre au batteur électrique. Ajouter le sucre, le zeste caramélisé, l'eau de fleur d'oranger et le restant du miel, et mélanger de nouveau jusqu'à blanchissement.

4. Ajouter la farine et la levure sèche, mélanger de nouveau, cette fois-ci à la main, avec une cuillère en bois, en faisant attention d'éliminer les grumeaux. Ajouter le beurre refroidi, bien homogénéiser.

5. Couvrir la pâte à madeleine et mettre au frigo pendant deux heures.

6. Préchauffer le four à 220°C. Graisser un moule à madeleine (facultatif même avec un moule à silicone; je ne l'ai pas fait). Remplir les empreintes. Enfourner pendant 6 min.

7. Au bout des 6 min., sans enlever le moule du four, réduire la température à 180°C. Là, vous avez une belle bosse à madeleine qui va normalement se former. Faire cuire encore 5 min. Enlever du four, démouler et laisser refroidir.

* Je crois qu'il existe différentes concentrations de "distillation" pour l'eau de fleur d'oranger, cela dépend un peu du flacon et de la marque. J'ai l'impression que celle que j'ai achetée est plutôt légère; j'avais commencé à mettre une c. à c. mais le parfum n'en était pas très fort, donc j'en ai rajouté. Si vous avez l'impression d'avoir une eau qui sent très fort, il faudrait sans doute adapter la dose.

Pendant que mes madeleines cuisaient, j'avais en tête ces orangettes délicieuses que je mangeais beaucoup petite: ovales, toutes petites, et qui se mangent avec la peau. Il faudrait aussi expérimenter quelque chose avec elles, si j'en trouve ici...

Mais ça, ce sera encore une autre histoire.

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